Notre première découverte à Berbes…
Cet article nous ramène en 1989… Depuis des mois, mon père a la volonté de visiter le gisement mondialement connu de Berbes, situé dans la principauté des Asturies sur la côte Atlantique de l’Espagne. La décision est prise! Le voyage se fera en avril pour les vacances de pâques…
Nous sommes partis depuis 5 heures du matin de Limoges et après de longues heures de route, le moteur de notre renault 18 commence à chauffer sur les routes sinueuses de la côte nord de l’Espagne. Nous sommes en Cantabrie et avons quitté les rares portions de quatre voix depuis un moment. Les camions imposent l’allure dans les montées et ont la délicatesse de nous permettre d’apprécier le paysage côtier…
Nous avons prévu de faire une halte pour la nuit après la ville de Torrelavega, avant de rejoindre notre point de chute. C’est la semaine sainte en Espagne, les festivités vont bon train… Le plus dur sera de trouver un hôtel disponible! Au final, nous trouvons de quoi dormir et le repas dans le petit restaurant “typique” de “l’hôtel” est rythmé par le son de la messe que crache un vieux poste de télévision, perché sur une étagère dans un coin de la salle. Nous regagnons notre chambre, impatients de reprendre la route le lendemain, pour rallier notre destination.
Enfin arrivés! Nous voilà à Ribadesella : ville portuaire située à 9 kilomètres de Berbes.
AirBnb et les plateformes de réservations n’étaient pas encore d’actualité et il fallait, pour trouver de quoi se loger, se débrouiller sur place. Après quelques recherches et avoir pris quelques renseignements, nous posons nos valises dans un logement sur le port de Ribadesella.
Les marteaux et les burins sont prêts : direction la carrière!
Arrivés sur place, l’étendue de la zone nous laisse sans voix… Le terrain de jeu est très vaste et nous débarquons dans l’inconnu! Le premier secteur est celui du “Cueto del Aspa”, il se compose de trois énormes trous dont un qui ressemble à une falaise quartzique. Nous distinguons aisément les filons de fluorite et quelques traces de baryte. Nous cherchons toute la journée et nous ne trouvons rien de bien intéressant, mis à part quelques cubes violets, caractéristiques du site.
Il est environ 18h – 18h30 lorsque nous faisons un dernier tour, cette fois sur le plateau surplombant le front de taille. Au sol, un petit filet de glaise…. Premier réflexe? Sonder! Le tournevis s’enfonce sans toucher le fond… C’est en général à ce moment là que l’on a le cœur qui s’emballe et les yeux qui s’écarquillent!
Nous dégageons l’entrée de la poche ; elle fait une trentaine de centimètres…remplie de glaise. Une glaise épaisse, collante, autant agréable au touché que piégeuse… Les arêtes des cubes de fluorite sont coupantes comme des rasoirs. Aucune importance, nous avons devant nous ce dont nous avions rêvé durant des mois!
Les cubes d’un violet profond apparaissent sous nos doigts! Tremblants de joie, nous commençons à extraire les premières pièces dont quelques flottantes…
La nuit tombe, nous n’avons pas encore fini l’exploitation de la poche… nous continuons à la lampe. Les réserves de journaux, un peu comme la poche, commencent à se tarir. Il est temps de rentrer, le sourire au lèvre, des étincelles dans les yeux… Même si les bouts de nos doigts sont marqués par cette fin de journée, la nuit sera bonne, très bonne et les rêves auront une teinte violette.
De cette découverte, nous avons toujours conservé ces trois pièces ; celles qui n’ont absolument aucune chance de quitter un jour ma collection!
Les minéraux c’est aussi une question d’affect! Ces trois pièces sont pour moi tellement symboliques de notre premier voyage, de nos premiers souvenirs à Berbes que j’ai, à chaque fois que je les regarde, l’impression de retrouver mes onze ans et de revivre la même émotion!
Quand je parcours les fichiers de ma collection et que j’en feuillette les fiches, j’ai toujours autant de plaisir à arriver aux numéros 068/004, 068/005 et 068/006… l’encre de chine des fiches et sans nul doute aussi indélébile que les souvenirs laissés par cette fin de journée d’avril 1989…
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Un super article qui m’a fait revivre les moments magiques de Berbés
Bravo Guillaume pour la qualité de ton article
Eric
Merci Eric, c’était une belle époque!